Dans le cadre de sa stratégie de transition climatique et d’approvisionnement durable, le groupe TOUTON vient de lancer un projet en partenariat avec LONO - entreprise ivoirienne spécialiste de la valorisation des sous-produits agricoles en engrais organiques et bioénergies - pour transformer les cabosses de cacao en fertilisant organique.
Ce projet pilote, qui s’étend de septembre 2023 à aout 2024, a pour objectif de réduire les émissions de gaz à effets de serre (GES) liées à la production de cacao, tout en contribuant à la résilience économique et climatique des communautés locales. Il vise notamment à diminuer les émissions de méthane générées par la fermentation liée la dégradation en tas des cabosses dans les plantations (processus anaérobique).
Avec le soutien de l’équipe technique de
LONO, spécialisée en conception et valorisation des résidus agricoles, l’équipe durabilité de Touton travaille en collaboration avec la coopérative SOCAET2, située dans la région de la Nawa en Côte d’Ivoire.
*Le graphique ci-dessus est basé sur un échantillon représentant 1/3 des producteurs de la coopérative
Audrey Lagauche, Directrice Durabilité Cacao détaille la genèse du projet :
« Lors de la phase d’évaluation de notre empreinte carbone dans la production de cacao, nous avons voulu rentrer dans des niveaux de détails très précis sur certaines coopératives partenaires en Côte d’Ivoire. Cela nous a permis d’identifier quelles étaient nos principaux facteurs d’émissions au niveau du « périmètre 3 ». Il s’est avéré que les pratiques actuelles de compostage étaient fortement émettrices et constituaient un levier important d’amélioration de l’impact environnemental de nos chaines d’approvisionnement.Nous avons donc décidé de construire et de financer ce projet avec un partenaire technique local pour résoudre deux problématiques : la dépendance aux engrais importés des producteurs de cacao et la réduction des émissions carbone. »
Une unité de compostage d’environ 100 m2, visant à produire 4 à 6 tonnes de compost par mois, est en cours de construction sur le site de la coopérative qui regroupe près de 2000 producteurs. Cette structure dédiée à la fermentation des cabosses selon un processus dit aérobique – avec un apport en oxygène – devrait se traduire par une nette réduction des émissions de méthane, gaz à haut potentiel de réchauffement global, par rapport aux émissions du processus anaérobique.
Les équipes de la SOCAET2 sont en cours de formation pour le suivi de la production du compost. Elles bénéficieront d’une assistance quotidienne lors du premier cycle de compostage pour contrôler sa qualité et participeront à la mise en place de 5 parcelles de démonstration pour la formation des planteurs membres de la coopérative.
Une élément clé de succès du projet réside dans l’utilisation du compost par les producteurs pour fertiliser leurs plantations de cacao. En réduisant la dépendance aux engrais minéraux importés - sujets à l’inflation - les agriculteurs pourront non seulement limiter leurs dépenses en consommant du compost produit localement pour augmenter leurs rendements cacaoyers, mais aussi améliorer la composition des sols et la capacité de rétention d’eau des plantations.
Mr Rasmane BELEM, le Président du Conseil d’Administration de SOCAET2 depuis 2013, explicite les raisons de l’engagement de la coopérative :
« La coopérative a décidé de s’engager dans ce projet pour aider nos producteurs à améliorer leurs rendements agricoles. L’objectif attendu est l’amélioration du rendement à l’hectare jusqu’à 1500 kg/ha. (…) A notre niveau, le premier défi à relever sera la formation de nos salariés aux techniques de compostage et la gestion logistique. En ce qui concerne les planteurs, nos producteurs relais travaillent à la sensibilisation de tous sur le terrain pour faire comprendre les bienfaits du compost pour une agriculture durable et rentable au sein de la coopérative et de la Côte d’Ivoire en général. »
Mr Yacouba OUEDRAOGO, producteur de cacao depuis 10 ans et membre de SOCAET2, bénéficie depuis plusieurs années de la collaboration entre Touton et la coopérative. Il a été formé aux Bonnes Pratiques Agricoles, Sociales et Environnementales et comptera parmi les premiers bénéficiaires de la plateforme de compostage. Il explique pourquoi et comment il a déjà adopté des pratiques plus respectueuses de l’environnement, ainsi que ses attentes vis à vis du nouveau projet :
« Le changement climatique a un impact négatif sur la cacaoculture (…), nous n’arrivons plus à suivre correctement les saisons et mettre en place en place un calendrier de culture adéquat. (…)
J’ai commencé à m’impliquer dans le compostage en n’utilisant plus les produits chimiques. Je pratique désormais le nettoyage manuel et la taille pour réduire le nombre d’insectes ravageurs. L’engrais bio coûte moins cher que l’engrais chimique et ce n’est pas toxique. Donc avec cet engrais les conditions de nos vies au sein de la communauté seront améliorées dans la mesure où le compost sera moins cher, pas toxique et accessible à tous.
Le projet de compostage est le bienvenu dans notre coopérative. »
Par ailleurs, un système de collecte et de suivi des données est mis en place pour calculer l’impact du projet, notamment en termes d’émissions de gaz à effet de serre.
Lea Jenin, Responsable de la stratégie bas-carbone du groupe Touton précise : « Le compostage de la biomasse fait sens pour la feuille de route bas-carbone de Touton. Il est prévu d’étudier en parallèle l’impact du compostage sur les émissions GES et de suivre la teneur en carbone du sol. Ce projet devrait ainsi générer de la connaissance pour l’action, à la fois sur les aspects techniques, économiques et les impacts environnementaux. »
Les résultats et recommandations issus de ces analyses, ainsi que le taux d’adoption du compost par les producteurs, permettront d’évaluer la pertinence d’étendre ce projet à plus grande échelle. Lorsque le modèle aura fait ses preuves, le groupe TOUTON pourra envisager d’installer rapidement d’autres unités de compostage collectif auprès de ses coopératives partenaires en Côte d’Ivoire, et ailleurs.
